Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 30 janvier 2021
Dimanche de la santé
Textes bibliques : Lire
Quand nous lisons les Évangiles, nous comprenons que la bonne nouvelle doit être annoncée à tous. Les textes bibliques de ce dimanche nous rappellent qu’elle s’adresse tout spécialement aux humbles et aux faibles, surtout quand ils sont touchés par la souffrance et le découragement. La première lecture nous parle de Job. Voilà un homme qui a tout perdu, ses biens, sa famille et sa santé. Aujourd’hui, nous l’entendons pousser un cri de souffrance : “À peine couché, quand pourrai-je me relever ? Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à la tombe…”
En entendant ces paroles, nous pensons à tous les grands malades qui sont confinés dans une chambre d’hôpital ou chez eux. Ces nuits qui n’en finissent pas c’est très éprouvant pour eux. On leur dit parfois qu’il faut prier le chapelet, mais beaucoup n’en ont pas la force. Quand on a connu cette situation, on comprend qu’il ne suffit pas de prier POUR les malades mais en leur nom. C’est leur cri de souffrance que nous faisons monter vers le Seigneur. Ce cri est une prière que Dieu entend.
Le psaume 146 nous permet de recevoir la réponse de Dieu à la supplication de Job et à celle de toute l’humanité : Il guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures.” Savoir que Dieu nous écoute est déjà une première réponse. Il nous aime tous bien au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. C’est pour cet amour que le psalmiste nous appelle tous à fêter notre Dieu et à chanter sa louange.
Dans la seconde lecture, l’apôtre Paul nous invite à faire un pas de plus. Nous ne pouvons pas nous contenter de bénéficier passivement de l’amour de Dieu. Nous nous sommes envoyés pour l’annoncer à tous. Notre priorité doit être pour ceux qui sont douloureusement éprouvés par la maladie et la souffrance. Ils ont la première place dans le cœur de Dieu. Le Christ nous a dit que lui-même se reconnaît en chacun d’eux : “J’étais malade et vous m’avez (ou vous ne m’avez pas) visité…”
Aujourd’hui, nous pensons à tous ceux et celles qui sont engagés dans la Pastorale de la Santé, les aumôneries d’hôpitaux, le Service Évangélique des malades et bien d’autres. Et bien sûr, nous n’oublions pas les équipes soignantes qui travaillent du matin au soir et du soir au matin au service des personnes qui traversent les heures les plus fragiles de leur existence. À travers ceux et celles qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, c’est le Seigneur qui est là.
L’Évangile de Marc nous montre des disciples qui intercèdent auprès de Jésus pour la belle-mère de Pierre qui est malade. En nous rapportant cet événement, Marc veut rendre hommage à cette femme qui fut la première à offrir l’hospitalité à Jésus durant sa vie publique. Or voilà qu’elle est au lit avec de la fièvre. “Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever.
La suite, nous la connaissons : cette belle-mère est guérie et relevée. C’est l’image de ce que Dieu veut faire pour nous : il continue à nous prendre par la main. Il veut nous remettre debout pour que nous puissions servir. Ne pensons pas seulement à la maladie physique ; nous sommes souvent paralysés par la fièvre du péché, de la rancune et de l’orgueil sous toutes ses formes. Mais le Seigneur ne cesse de nous rejoindre. S’il nous redonne la santé de l’âme et du corps, c’est pour que nous puissions redonner de l’espoir et de l’amour autour de nous.
Le soir venu, on amène à Jésus de nombreux malades et possédés. En ce dimanche, nous lui amenons tous ceux et celles qui sont douloureusement éprouvés par la pandémie avec son lot de souffrances physiques et morales. Nous nous sentons bien impuissants face à leur situation, mais nous avons la ferme espérance qu’avec le Christ, le mal n’aura pas le dernier mot.
Avec une attention infatigable, Jésus se met au service de ces malades et de ces possédés. Mais il y a une chose qu’il ne faut pas oublier : il ne se contente pas de guérir ; son but est de sauver tous les hommes. Un jour, il a dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Nous pensons aux malades qui reviennent de leur pèlerinage à Lourdes. Tous ne sont pas guéris, mais ils nous disent qu’ils sont transformés par cette rencontre avec le Seigneur.
Ce ministère de guérison ne va pas sans celui de la prière. Dès le matin, très tôt, Jésus s’en va dans un lieu désert et là, il priait. Il a besoin de ce cœur à cœur avec le Père. Il ne cherche pas à tirer profit de sa popularité. Bien au contraire, il se retire loin de la foule. Nous aussi, nous en avons besoin. La prière nous permet de nous ajuster à Dieu et à son amour. Nous lui confions tous ceux et celles qui sont douloureusement éprouvés par la souffrance et la maladie. Nous prions également pour tous ceux qui les accompagnent. En communion les uns avec les autres, nous lui demandons qu’il nous donne force et courage pour témoigner de son amour tous les jours de notre vie.
Sources : Revues liturgiques (Feu Nouveau, Fiches dominicales, Les Cahiers Prions en Église) – revue du dimanche de la santé 2021 – Dossiers personnels…
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De tout temps, la question de la souffrance est au cœur de la grande quête de Dieu. Nombreux sont ceux qui cherchent un sens aux malheurs qui surviennent dans leur existence. Certains se révoltent face aux turbulences de la vie et en viennent à se dire que si Dieu est amour, comment se fait-il qu’il y ait tant de détresses ? D’autres trouvent dans leur épreuve une porte grande ouverte vers les autres, un singulier appel à la communion et à la solidarité.
La liturgie de ce dimanche nous présente deux attitudes très différentes face à l’adversité. D’un côté l’énergie de Jésus pour combattre la souffrance. « Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons… » (Mc 1:34) De l’autre, le Livre de Job nous fait entendre le cri douloureux d’un homme qui n’attend plus rien de la vie : « Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre. » (Jb 7:1) Un cri du cœur ! Une prière à la miséricorde divine ! Écrasé de malheurs et devant l’impasse où il se trouve, Job s’en remet à Dieu : « Lui connaît mon chemin. Qu’il me passe au creuset : j’en sortirai comme l’or. » (Jb 23:10)
Le livre de Job met en évidence la souffrance humaine et la précarité de notre existence. Aujourd’hui plus que jamais, en ce temps de crise, ses clameurs retentissent encore plus fort autour de nous. Sans doute, harassés par la dureté de la vie, ne sommes-nous pas loin de reprendre ses mots : « Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur. » (Jb 7:7) Dans ce corps à corps avec le malheur qui l’écrase, l’homme découvre l’urgence de l’essentiel : Comment traverser sans encombre les inévitables épreuves de la vie ? Car la souffrance n’est pas là pour être débattue, elle doit être combattue et transformée. Savoir l’affronter de manière positive reste un enjeu important. Nombreux sont ceux qui cherchent à donner un sens à leurs épreuves. Pour eux, bien que douloureux, le mal subi est souvent une expérience qui leur permet de comprendre la détresse des autres. Par contre, d’autres se révoltent et s’éloignent de la foi à cause des souffrances sans répit.
Tout le long de sa mission, Jésus est souvent confronté au problème du mal et de la souffrance. Face au malheur qui accable l’homme, Jésus ne donne pas de réponse, mais il prend le mal à bras le corps. Sa réaction n’est pas dans un raisonnement stérile, elle est dans l’acte. Il vient au secours des gens ! Que de fois, les Évangiles nous relatent des miracles de guérison sur des corps malades ou possédés par des démons. Jésus agit ! Il partage la peine, la douleur et les attentes de ceux qui se pressent autour de Lui. Jésus associe d’ailleurs l’annonce de la Bonne Nouvelle au service désintéressé. Il confie à ses disciples deux tâches essentielles : proclamer le Règne de Dieu et guérir. « Il les envoya proclamer le règne de Dieu et guérir les malades. » (Lc 9:2). Il est surtout contre l’idée que le mal est la cause du péché. Dans le récit de la guérison de l’aveugle né, Jésus récuse l’argument présentant la souffrance comme le châtiment d’une faute. « ‘Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?’ Jésus répondit : ‘Ni lui, ni ses parents n’ont péché.’ » (Jn 9:2-3)
La souffrance est personnelle, intime et unique. Au cœur de l’épreuve qui nous accable, ne laissons-nous pas abattre, prenons notre courage à deux mains et essayons de la surmonter. Mais quand elle est trop lourde à porter et que la solitude nous pèse, confions notre peine à Jésus, Il nous soulagera. « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11:28) Malgré tout, l’altruisme peut nous aider à surmonter nos épreuves en nous donnant aux autres. La foi active nous entraîne dans l’action. Elle éclaire notre vie et attise la chaleur humaine en nous et autour de nous. Saint Jacques souligne ce lien très fort qui unit la foi et la pratique : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? » (Jac 2:14) Cependant, face à une personne plongée dans la détresse, nous nous sentons souvent démunis. Dans ce cas, une présence attentionnée, un geste délicat ou un regard de réconfort en fait parfois plus que bien des discours. Soyons les uns pour les autres des porteurs d’amour et de tendresse. Que ce lien d’amour nous unisse tous dans le Christ ! « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:35)
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci pour vos écrits qui parlent beaucoup de Job, des malades, des soignants et le la souffrance. Et je n’oublie pas d’ecouter Soeur Claire.
J’ai bien apprécié les articles: changer notre regard et le temps “ordinaire”. Bonne journée à tous dans l’esprit du Seigneur.